mardi 1 mai 2012

[Blogging] Une année manga vue par un lecteur lambda

On m’a gentiment proposé de participer à un projet de blogging (sous le doux nom de « le dernier bilan avant la fin du monde ») le but étant dans cette opération de réunir un maximum de blogueur pour faire un bilan de 2011 (plus exactement, l’« année fiscale », de mars 2011 à mars 2012), chacun se concentrant sur un thème en particulier lui tenant à cœur. J’ai commencé ce billet tardivement (c’est-à-dire le 28 avril… On avait jusqu’au 28/29 avril *tousse tousse*), donc, je m’excuse d’avance pour son contenu qui ne sera peut-être pas à la hauteur des attentes de chacun.
Donc, pour ma part, j’ai choisi classique en me concentrant sur quelques mangas qui m’ont marqué cette année (mais dont la parution n’a pas forcément commencé en 2011). La pseudo-classification que je vais donner ensuite est évidemment totalement subjective, je n’ai pas l’ambition d’être quelqu’un totalement objectif ; les remarques que je serai amené à faire n’engage que moi, peut-être, probablement, qu’elles seront différentes des vôtres, c’est là que c’est (le plus) intéressant de partager des avis.
En écrivant ce billet, j’ai un peu dérapé, sans m’en rendre compte au début ; vous constaterez qu’à la fin, je pars dans de grandes réflexions évasives sur le manga en France, si vous avez le courage de les lire également, faites-vous plaisir (ou pas).

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Et avant, parce qu'il y a bien plus intéressant à lire avec toutes celles et ceux qui participent à cette manifestation de « la vraie blogosphère » (ou pas... comme quoi... même là, ça ne passe pas~) :

- « Mon bilan 2011-2012 », par Axel sur Meido-Rando.
- « Bilan 2011 : Catastrophe japonaise printanière », par Jonas sur Kakutou.
- « 2011 : l'année où l'animation japonaise a été sauvée », par Tetho sur Anime-Janai.
- « Steins;Gate », par FFenril sur FFenril.info.
- « 2011 : À défaut de ne pas savoir sur quoi écrire, chantons ! », par Ryuurei sur Quartier du Weird.

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Le coup de cœur fanboy de l’année
Bon, je vais être fidèle à moi-même… S’il faut commencer pour cette période avec un manga, ça sera évidemment Amanchu! ; le premier tome est sorti justement en mars 2011. Le manga est plus vieux (fin 2008), mais c’est ici sa sortie française dont il est question. Ki-oon nous a fait l’honneur de rajouter le dernier manga en date de madame Kozue Amano (l’auteure de Aria, juste pour rappel~) dans leur catalogue. Malheureusement, ce manga n’a pas reçu chez nous le succès que j’aurais souhaité (en tant que fan) ; les ventes, d’après Ki-oon eux-mêmes, ne sont pas flamboyantes (voir l’interview sur Paoru.fr). Ils avaient fait pourtant pas mal de publicité, dommage. Mais je garde espoir que la série décolle chez nous, d’autant plus que, pour l’instant, nous en sommes qu’à trois tomes.


Elle possède très nombreuses qualités, c’est un manga rempli de fraicheur ; c’est un tranche de vie dans les règles de l’art qui plaira à tous les adeptes du genre (et plus sûrement), chaque chapitre relatant une petite aventure, parfois anodine, mais toujours raconté avec charme. Les personnages sont peut-être assez stéréotypés, certains dirons, entre Hikari, toujours enjouée et dynamique, et Futaba, une jeune fille réservée, sans grande confiance en elle-même, mais ils sont à la hauteur du titre et ils lui apportent beaucoup de bonne humeur. Et puis, on ne peut que se ravir devant le magnifique coup de crayon d’Amano-sensei !

Mon gros coup de cœur de l’année
Merry Nightmare, ce manga, on pourrait dire que c’est un peu mon titre chouchou de l’année, celui que j’ai découvert et pour lequel j’ai eu un véritable coup de cœur. C’est un manga qui marche assez bien au Japon, il a même eu l’année dernière une adaptation en animé (c’est même par lui que j’ai découvert cette série). De ce fait, on peut comprendre que, chez Taifu Comics, ils étaient assez content de récupérer cette licence, par contre, je ne sais pas si elle se vend bien en France. Bref, moi j’aime, le reste, je m’en fiche !
C’est un petit shônen haut en couleur. On est invité à suivre les aventures de Merry et de Yumeji ; la première est une jeune fille perdue dans le monde réel, c’est Yumeji qui – d’un élan très héroïque – s’est engagé à l’aider à trouver d’où elle vient. Ils sont amenés à faire face à une invasion de démon du monde des rêves qui souhaitent trouver des réceptacles humains (c'est-à-dire dévorer leur âme et prendre leur place) et envahir le monde réel. L’aspect le plus intéressant dans ce schéma classique, c’est l’imbrication de ces deux mondes, c’est bien réussi, notamment l’ambiance dans le monde des rêves (bien retranscrite dans la version animé d’ailleurs).
Les personnages constituent vraiment le point fort de cette série ; Yoshitaka Ushiki a créé une flopée de protagonistes vraiment attachants, que ce soit les deux héros Merry et Yumeji, mais les autres aussi, comme pour l’adorable Sana ou Yui secondée par une Engi vraiment classe. Après la lecture du dernier tome 6 (en France), on nous introduit un nouveau personnage, Clioné, qui je trouvé est assez intéressant, même si on ne l’a voit que pendant quelques pages.


On pourrait reprocher à Merry Mightmare son schéma classique qui consiste en un affrontement successif contre des démons de plus en plus puissant (le dernier sera probablement Héraclès, leur leader). Toutefois, cela ne m’a gêné à aucun moment, puis, ce sont des combats assez dynamiques notamment du fait du style qu’adopte Merry ; Yumeji ne présente pas les gros défauts des héros de ce genre, il a un caractère bien forgé et même s’il est poussé par les beaux sentiments de l’héroïsme adolescent, de l’amitié et tout, il n’est pas du genre à s’effondrer en larme au premier échec pour rebondir deux pages plus loin et compagnie (même si évidemment, il va passer par des phases de questionnement).
J’ai aussi un petit coup de cœur pour le dessin du mangaka. Assez lissé et typique des productions de ces dernières années, il a un style qui me plait car il a été capable de donné un certain charme à ses personnages (les dessins pour les décors restant assez basiques), même le héros est stylé. Puis, je suis assez fan des couvertures de chacun des tomes mettant en scène Merry dans différentes postures dans des palettes de couleurs changeant à chaque fois.
C’est à la fois un titre classique et original à la fois mais dont ses qualités premières sont avant tout sa fraicheur et la qualité de ses personnages. Je suis fan.

Le manga populaire que j’ai aimé
Pandora Hearts ; c’est un de ces mangas très populaire chez nous qui fait pas mal parler (mais plus sur les forums que la blogosphère). Un peu encouragé par un groupe de fan(girls), je m’y suis lancé, et, sans regret en fait. Ce fut une agréable découverte : ce titre nous offre un shônen bien mieux travaillé que la moyenne du genre. C’est « Alice au pays des merveilles » revisité une nouvelle fois mais avec une très grande liberté et une bonne maîtrise de son univers par Jun Mochizuki. Il faut ajouter à ses qualités un très beau coup de crayon qui fait plaisir aux yeux.

Encore une fois, ce titre est disponible chez Ki-oon. À mes yeux, cet éditeur est sans doute le meilleur en France. 2011 le confirme encore une fois ; ils sont capable de trouver de bons mangas (comme cette année avec les trois premiers tomes de Bride Stories ou encore plus récemment avec un Wolfsmund qui pourrait être bien prometteur), d’être capable de les promouvoir avec succès en révolutionnant la publicité autour des mangas en France, puis, ils sont capable de le faire en restant une petite maison d’édition indépendante et sympathique.

Le manga qui reste toujours aussi bon
Alive Last Evolution est un de ces mangas qui mériteraient d’être bien plus connu. On a un tome sorti en mars 2011 chez Pika, un autre septembre suivant, le dernier en date en mars 2012, c'est-à-dire le tome 17 (pour 21 tomes, la série étant terminée au Japon) ; Pika aura toujours eu des sorties assez irrégulières pour ce titre, des dires de mon libraire, (pour Alive tout du moins), ce serait fini, une bonne chose donc.
Parce que c’est vraiment un excellent manga, le dernier tome le confirme encore une fois avec le réveil tant attendu. Le duo Tadashi Kawashima (scénario) – Adachitoka (dessin) a su au fur et à mesure construire un manga avec un scénario riche et attrayant, qui tout en reprenant des classiques du genre (par exemple, de jeunes élus dotés de pouvoir) s’illustre par ses nombreux rebondissements intéressants et surprenants, mais aussi par un côté plus mature dans la narration, et par son dessin, qui, même s’il a fallu quelques tomes pour qu’il s’affine, est à mes yeux aujourd’hui une référence. Alive, c’est aussi de l’action bien dosée, avec des phases d’affrontements qui peuvent couvrir plus d’un tome mais sans pour autant s’éterniser et perdre le lecteur en cours de route, le rythme est bien dosé. C’est également sans compter sur des personnages assez charismatiques, même Taisuke, malgré son côté héros classique sait se démarquer ; je suis assez fan des personnages de Nami, Katsumata ou même l’étrange Yura qui me surprend tout le temps. Le scénario, bien ficelé, est riche en surprise ; après un premier arc, peut-être le plus classique, le plus fidèle aux codes des shônens, on se trouve plongé dans une histoire encore plus complexe avec parfois des passages assez sombres qui donnent une certaine ampleur au titre.


Je pourrais longuement parler de ce manga – mais au risque de spoiler – mais c’est aussi, parce que depuis tout ce temps, c’est à mes yeux un des meilleurs de son genre, et tout simplement, un de mes préférés tous les types confondus. Les tomes parus en 2011 m’ont renforcé dans cette conviction. Il mérite vraiment à être plus connu… Puis rien que pour ses couvertures, souvent splendides, comment ne pas essayer ?

Le manga peut-être le plus intéressant
Une rubrique dans laquelle je vais mettre Le Pavillon des Hommes. Disponible chez Kana depuis quelques temps, c’est aussi en 2011 que j’ai commencé ce manga. Le volume 7 est sorti il y a quelques semaines ; il confirme mon avis sur cette série. Assez difficile à lire du fait notamment de la multiplicité des personnages, des sauts chronologiques, des références historiques. Fumi Yoshinaga réalise une uchronie sur l’époque du shogunat des Tokugawa au Japon ; après une terrible épidémie, ne frappant que les hommes, la population masculine décline dramatiquement et ce sont les femmes qui prennent en main le pays, notamment le shogunat. Pour rendre la lecture plus constructive, il est intéressant de connaître un minimum le Japon de l’époque d’Edo ; quelques lectures complémentaires à côté du manga, ce n’est pas un luxe, puis ça forge sa culture générale.
Kana nous offre d’ailleurs une belle édition pour ce manga (si ce n’est quelques petites bulles de dialogue mal nettoyées ici ou là) qui fait honneur au travail de Fumi Yoshinaga. La traduction me semble être d’un haut niveau ; je n’ai aucun moyen de comparer avec le texte d’origine, mais on sent dans la traduction, une volonté de suivre correctement les codes de la période Edo à travers les dialogues assez soutenus et qui fourmillent de formules de politesse, de respect.
Un manga particulier à lire, mais vraiment plaisant une fois bien dans la lecture.

Le manga qui m’aura déçu
Arata est peut-être ma grande déception de 2011. Il y a sans doute des mangas moins bons, d’autres moins réussis, toutefois, ce choix réside dans le fait que j’avais mis pas mal d’espoir dans ce manga. Je reconnais, en effet, avoir été réellement séduit par les premiers tomes. On se trouvait plongé dans une double histoire mettant en scène deux personnages, tous les deux nommés Arata, vivant dans deux mondes totalement différents : l’un à l’image du Japon du XXIe siècle, et le second correspondant à un monde fantastique dans lequel la magie et des armes magiques existent. Chacun des deux héros, par la force des choses se trouve chacun propulsé dans le monde de l’autre ; l’un se trouve alors accusé du meurtre d’une princesse, l’autre va devoir vivre le quotidien difficile d’un lycéen introverti et maltraité. Le postulat de départ ne présente pas de réelle innovation, mais il était bien mis en scène et, rapidement, j’y ai trouvé un intérêt certain dans la lecture.
Mais, parce qu’il y a un mais, à ma grande déception, on tombe rapidement dans les travers du bon vieux shônen pur et dur. Déjà, on laisse quasiment tomber l’un des deux Arata, on l’abandonne à son lycée pour s’occuper essentiellement de celui qui part à la recherche de la princesse… Soit, mais, Yuu Watase nous sort tous les grands classiques de ces scénarios ; à suivre les grands discours de l’amitié, « oh, t’es méchant, mais t’as un bon cœur tu sais », à voir les grands adversaires se soumettre en avouant, limite aux larmes, leurs méchants crimes, j’avoue que j’ai un peu de mal. Mon intérêt et enthousiasme pour Arata a chuté du coup très rapidement ; j’ai désormais deux tomes de retard sur les parutions, j’hésite vraiment à continuer.

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À chaque fois que je fais un point sur mes coups de cœur, je me rends compte que la plupart sont à ranger dans la catégorie shônen. Ce petit topo en est encore la preuve, si ce n’est Le Pavillon des Hommes, on n’a ici que çà. Pourtant, parmi les lecteurs qui s’y connaissent un peu en manga, il y a une certaine habitude de dire, « le shônen, c’est bien pour commencer, mais après, Coco, faut grandir un peu ». Évidemment, j’exagère, mais c’est pour mieux faire ressortir le fond. À croire que je n’ai pas trop grandi malgré le fait que j’approche des 25 balais. Le shônen reste pourtant, à mes yeux, le genre le plus divertissant et sans doute même le plus efficace. Le seinen va en effet se révéler comme un genre parfois plus profond, c’est dans ce genre de manga qu’on trouvera le plus d’originalité, mais le risque de ne pas y trouver ce que l’on pourrait attendre est sans doute plus grand.

En fait, 2011 aura été pour moi quand même une année de vaches maigres ; j’ai commencé relativement peu de nouvelles séries. Les explications sont diverses, notamment peut-être et surtout parce que j’ai passé la moitié de l’année loin de la France (du coup, un peu loin de toute l’actualité), les prix des mangas – de plus en plus lourd pour le porte-monnaie – m’a sans doute aussi conduit à devenir un peu moins acheteur-compulsif avec les nouveautés comme j’ai pu l’être.
Cependant, même si je considère que les prix deviennent un peu abusés (bon hausse TVA et tout, certes…), j’estime qu’on a une offre en France vraiment intéressante. Pour beaucoup, on aurait même peut-être trop d’offre, qu’on serait noyé par le nombre de nouveaux titres. Au contraire, à mes yeux, elle est satisfaisante. On se plaignait avant de ne pas en avoir assez, il ne faut pas se plaindre maintenant de l’inverse. Il existe en plus, de nos jours, mille et une manière pour se tenir au courant des nouveautés et de l’actualité, et donc faire ses choix, rien qu’avec internet et la myriade de sites, blogs, mais aussi juste en allant fouiner dans les librairies ou avec le bouche à oreille ; se tenir au courant de l’actualité manga en France (et au Japon par extension) est à mes yeux sans doute un des aspects les plus ludiques de cette passion. Cette dernière se résumerait pour moi en trois étapes qui se répètent continuellement, c’est 1) rechercher un manga, 2) le lire, 3) le partager.

Du fait de l’offre disponible en France, je considère aussi que le scantrad est aujourd’hui inutile. C’est peut-être catégorique de dire çà, mais à mes yeux, le scantrad aujourd’hui n’a plus réellement l’utilité qu’il avait hier. J’en suis venu à le penser et le dire parce que trop souvent il y a des gens qui ne lisent du manga qu’avec des scans et qui n’iront jamais, ou si rarement, acheter un manga (même si je sais qu’il ne faut pas généraliser). On va lire après, « pourquoi acheter ce qu’on peut lire gratuitement ? », « je préfère garder mes sous pour autre chose » ; je dois vieillir et peut-être devenir un peu vieux-con, mais cette volonté de tout avoir vite et gratuitement me fatigue de plus en plus (et pas que pour le manga).
Après, quelqu’un qui lit des scans mais qui achète régulièrement des mangas, je n’ai rien contre. Je suis contre ceux qui ne consomment uniquement que du scantrad. Un manga, c’est un objet qui a un prix, il y a un travail derrière ; aimer le manga, lire des mangas, cela a un prix. Certes, ce n’est pas gratuit et ça peut être difficile d’avoir assez d’argent pour se permettre d’en acheter. Un manga, c’est presque le prix d’un paquet de cigarettes, mais si ça peut aussi rendre dépendant, ça ne tue pas.

Je suis peut-être de mauvaise foi, par exemple, pour les animés, je suis encore un grand consommateur de fansub (même si c’est moins vrai qu’il y a quelques temps) et je vais rapidement cracher contre les prix exorbitants des coffrets DVDs chez nous. Je le reconnais. Toutefois, j’achète aussi (et je n’ai même pas le temps pour regarder tous mes coffrets). Mais pour le manga, le problème n’est pas le même : l’offre chez nous est riche et diversifiée, et, en général, tous les grands classiques sont licenciés en France ; il y a ce qu’il faut pour se satisfaire et même plus. On est plutôt chanceux et bien lotis, même si contenter notre passion est de plus en plus onéreux.

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