mardi 15 octobre 2013

Une réflexion personnelle sur le fansub et le scantrad, il est encore temps de changer !

Je n’avais pas prévu un billet de ce genre maintenant. En fait, il s’agit ici, en quelque sorte, d’une réponse personnelle au dernier podcast de Mangacast.fr qui est consacré aux éditeurs avec pour thématique « Débat : Fansub/Scantrad, quelle place pour la traduction de fans ? » (avec des invités de Dybex, Wakanim et Kurokawa). Il faut l’écouter, vraiment !
C’est pour moi l’occasion de mettre à plat tout ce à quoi je pensais, depuis quelques temps, et de donner mon avis. Évidemment, ce dernier n’engage que moi et il vaut ce qu’il vaut.


Le fansub, prendre conscience du problème


Je ne vais pas mentir, j’ai consommé du scantrad. Et j’ai consommé du fansub, et récemment encore, épisodiquement. Comme on le dit, il faut balayer devant sa porte avant de regarder chez le voisin. Je ne suis pas blanc comme neige, loin de là. Surtout côté fansub.

Pourtant, j’étais un « ange » au début. Avant, les animés c’était soit à la télévision, avec le câble au domicile familial, soit sur ma propre télé et mon lecteur DVD. J’ai découvert la japanime ainsi. .hack//SIGN, Gundam SEED, Silent Mobius et d’autres sur le petit écran chaque semaine. Je me saignais pour m’acheter les coffrets DVD de Tsubasa Chronicle à chacune de leur sortie. J’en ai encore des centaines de souvenir ! Quelle impatience pour trouver le nouveau DVD de Gundam SEED Destiny dans le rayon de sa Fnac à Caen pour enfin connaître la suite ! Tu te remettais cinq fois, dix fois, vingt fois la galette dans ton lecteur en attendant la prochaine sortie ! Aaaah…

Cependant, je suis devenu un démon lorsque j’ai eu mon premier ordinateur et internet, après mes vingt ans (un poil en retard sur ma génération~). Un autre univers s’ouvre alors à toi : des centaines d’animés tout frais dispos, facilement et gratuitement ! Évidemment (?), tu fonces, tu ne poses pas de question. Et je suis resté ainsi longtemps sans réellement m’en poser, ou alors en les balayant d’un revers de la main avec, par exemple, le vieux prétexte habituel « j’achète à côté des DVD ». Je m’achetais aussi sûrement une bonne conscience comme ça, tiens. 

J’ai grandi, et, sans doute, je suis devenu un peu moins con qu’avant. Certes, j’ai une vidéothèque dont je suis assez fier, mais quand je compare ce que j’aurais dû acheter et ce que j’ai effectivement pris, la pseudo fierté en prend un coup.

Puis, par exemple : pourquoi n’ai-je – jamais – pu accepter l’idée même de m’acheter une R4 pour ma Nintendo DS afin de jouer illégalement à des milliers jeux ? (Pourtant j’ai été très souvent encouragé à le faire) Ma réponse : non, ce n’est pas bien, ce n’est pas correct, c’est illégal ! Alors que, à côté, tranquillement, j’acceptais la simple idée même de regarder – illégalement – des animés par le biais du fansub. Logique de mon cerveau où es-tu ? Le problème de conscience et de morale est tout à fait le même pourtant, mais j’avais deux réponses différentes…


Une alternative légale et intéressante existe désormais


Depuis 2010-2011, ma vision a progressivement changé. Il a fallu du temps. Pour plusieurs raisons. La première : je suis devenu moins boulimique niveau animés. En volume, j’en regarde beaucoup moins qu’à mes débuts sur internet. J’ai un rythme beaucoup plus rationnel qui m’a amené à demander, non, à exiger moins de quantité. Du coup, tu prends le temps de te poser et de regarder un peu autour de toi ; tu te poses des questions. 

Deuxièmement, surtout depuis 2012, j’ai trouvé une réponse avec le simulcast légal. D’abord Dybex, mais surtout ensuite avec Wakanim qui a décollé. Au début, j’ai suivi avec une certaine curiosité ce nouvel éditeur qui arrivait, dans le paysage francophone, un peu comme un ovni. Aujourd’hui, je considère que Wakanim est l’éditeur qui répond le mieux aux attentes d’un public très capricieux (dont je fais parti) ; sa popularité n’est pas anodine. J’apprécie vraiment leur travail et il me donne l’impression d’aimer ce qu’ils font. J’aimerais aujourd’hui dire du bien de Kazé (et maintenant ADN), mais je n’y arrive pas. Pourtant, ils ont le potentiel d’offrir quelque chose d’excellent, ils en ont les moyens ! Mais non… Enfin bref, c’est un autre débat.
Tout dernièrement, c’est Crunchyroll qui a débarqué, comme une bombe, chez nous en nous offrant un équivalent en français du monstre anglophone. À titre personnel, je considère que, cet automne, malgré cette arrivée inattendue, ce sont eux qui présentent la meilleure offre. Je suis séduit, j’ai pris un abonnement chez eux.

J’ai toutefois un peu peur que Crunchyroll.fr – avec ses moyens colossaux – cannibalise le marché français. Ils n’en resteront pas là après un tel coup d’éclat. Puis, je trouve que ce site/éditeur a un gros avantage sur ses concurrents : l’aspect communautaire de leur plateforme. Je ne sais pas si ADN ressemblera à la plateforme web de Kazé, à voir. Mais concernant Wakanim, certes, t’as une pseudo page personnelle, mais, au final, tu ne passes sur leur site que pour voir le dernier épisode sorti (logique) ou pour lire, de temps en temps, une news, rien de plus. Même, leur forum est peu lisible. S’il y a une véritable communauté autour de Wakanim, aujourd’hui, je ne suis pas pour autant entièrement convaincu qu’elle lui soit si fidèle que ça. Des hits comme L’attaque des titans ne se répéteront pas toutes les saisons.
J’espère que mes craintes ne resteront que des craintes.

Pour en revenir à nos moutons : tout cela pour dire que pour la japanime : le fansub, c’est fini ! (Et pour moi aussi.) Certes, il n’a pas encore disparu, il prendra du temps à disparaître, mais – et je l’espère – il est fini.
On a désormais une vraie offre légale, intéressante niveau contenu et niveau prix. Elle ne devrait maintenant plus que se développer dans les mois à venir. Cet automne, 90% des animés de la saison sont disponibles légalement chez nous. Tant mieux, je m’en réjouis même.
Cependant, il faut que l’offre légale devienne plus qu’une simple alternative (ce qu’elle est encore aujourd’hui), elle doit devenir le réflexe naturel des gens qui veulent regarder des animés !

Et c’est quelqu’un qui a consommé beaucoup de fansub qui dit tout ça. Il faut savoir tourner la page. D’ailleurs, au passage, à propos d’un argument qui est souvent utilisé par les défenseurs du fansub : ce serait grâce à ce travail de fans (pour les fans) que la japanimation et le manga seraient devenus aussi populaires en France ! Non. Il a pu aider un peu à ce phénomène, mais il ne l’a pas créé. En fait, il en est né et l’a accompagné grâce à l’explosion d’internet.
En ce qui me concerne, j’ai découvert l’animation japonaise avec des séries comme Sakura Chasseuse de Cartes, Pokémon ou Yu-Gi-Oh, j’ai ensuite découvert plus tard un nouvel horizon plus large avec des titres tels que ceux que j’ai déjà cités plus haut. C’est sans compter l’influence qu’ont tenu les Rpg japonais dont je suis très friand depuis le lycée (et le collège en comptant Pokémon). C’est pareil pour le manga. Alors que je découvrais ces merveilles, j’ignorais tout du fansub et scantrad !


Le scantrad ? Le papier, ce n’est pas la même chose...


Justement, concernant le manga, la situation est très différente. En fait, ma consommation de productions illégales a été fortement limitée par deux choses.
– J’aime le livre en tant qu’objet, j’aime le posséder, donc j’achète. Et le manga est un livre. Ma collection n’est pas énorme, peut-être, mais je suis fier de deux bibliothèques que je remplis avec les séries que je lis. Les livres, le seul moment où ils peuvent poser un petit problème, c’est lors d’un déménagement.
– Deuxièmement, je n’aime pas lire sur un ordinateur (ni sur même une tablette ou une liseuse). Enfin, pour être plus exact : je n’aime pas la lecture suivie et continue sur un support informatique. Ça concerne le manga et le livre en général. Je travaille dans un domaine qui m’amène à passer la majorité de mon temps dans une bibliothèque. Je suis un rat de bibliothèque pour ainsi dire, même si cette image est souvent malheureusement et peu flatteuse dans la bouche de beaucoup de gens. J’aime le contact avec le papier, mais, également, je trouve beaucoup plus agréable et pratique de lire ou de consulter un vrai livre. Un support numérique – même légal – n’aura jamais à mes yeux la valeur d’un livre. Il ne peut avoir qu’une utilité ponctuelle pour vérifier ou consulter des ouvrages ou des articles chez soi. Évidemment, après, cela a un coût, mais c’est ainsi.
C’est aussi pour dire que je suis totalement opaque à toute idée du manga numérique. Même si, pour les éditeurs, il s’agira, à moyen terme, d’un support inévitable.

Bon passons sur cet aspect sentimentaliste et matérialiste. Le dernier scantrad que j’ai lu, c’était Amanchu!, et plus exactement c’était avant que Ki-oon annonce sa licence. Elle remonte à début 2011. Donc, en gros, depuis courant 2010 (?), je n’ai plus lu un seul manga en scantrad. Et encore, avant, c’était limité à quelques titres très ponctuels, Claymore ayant été un temps peut-être le seul que je suivais avec plus ou moins de régularité. Je tiens quand même à signaler que je possède ces séries en version papier (on ne sait jamais), enfin, j’espère que vous n’en doutez pas, au moins pour Amanchu! (et même en japonais pour les deux premiers tomes). Depuis, j’ai pu zieuter (ce qui n’est pas lire) ici ou là quelques pages, rien de plus.

Pour dire que je n’en lis pas : je n’ai jamais lu la fin d’Aria en scantrad ! Justement parce que je refuse de le faire. Lire ainsi un si bon manga, ça me ferait mal au derrière pour être poli.


Mais après ?


Étrangement, c’est quand je me suis rendu compte de tout ça, que je commençais déjà à acheter moins de mangas ou d’animés. Mais en fait, cette baisse a essentiellement des explications financières. Triste réalité de la vie… Cruellement, c’est quand mes moyens financiers augmentent que la part consacrée aux loisirs se trouve réduite de plus en plus pour d’autres raisons… 

J’essaye aussi de participer à mon petit niveau à la promotion de la culture japonaise et à son partage entre « fans ». J’administre, depuis 2008, un forum. On y mène une politique « anti-promotion » du fansub et du scantrad depuis déjà quelques années ; pour simple exemple, tous les liens de téléchargement illégaux sont bannis et les personnes fautives sont susceptibles de l’être aussi. Évidemment, on pourra me répondre qu’une partie importante des membres qui suit les séries dont on discute le fait au moyen du fansub. Je le sais très bien. Après, je ne vais pas tous les bannir à cause de ça. En plus, en priorité, je devrais m’auto-bannir sinon. Les habitudes prendront du temps pour changer. Il faut accompagner ce mouvement. Par exemple, depuis quelques mois, on fait l’effort de recenser tous les animés dispos en streaming légal.

Pour finir, dans l’autocritique. C’est bien beau tout ce que je dis, mais ceux qui suivent régulièrement ce blog pourront me répondre aussi : « Et les dramas ? Tu achètes les séries au Japon pour les regarder chez toi ? » Oui, très jolie hypocrisie de ma part, c’est tout à fait vrai. Pour le coup, l’offre légale en France est (quasi-)absente, c’est un fait indéniable. Mais, on en revient au même problème pour le fansub d’animés, cette réponse n’est pas une excuse valable. Un Jdrama-Wakanim ouvre demain ? Je fonce. Mais, aujourd’hui, voilà… Que faire ? Abandonner les dramas japonais ? Je n’en ai pas envie…
Pour la japanime, il y a aujourd’hui une alternative légale. Mais avoir une réponse définitive sur ces questions assez complexes, c’est très difficile.

Enfin, voilà, je pense avoir fait le tour de ce dont je voulais parler. Ce billet n’arrive pas comme ça. Je ne me suis pas réveillé ce matin en paniquant. L’émission de Mangacast.fr m’a surtout motivé à mettre à plat les idées, les réflexions et les (auto)critiques que j’avais en tête. Vraiment, je vous encourage à écouter leurs deux podcasts qui sont intéressants et, ensuite, à réfléchir à tout ça, à ce que vous faites vous-mêmes. Inutile de se flageller jusqu’au sang après.

dimanche 6 octobre 2013

« Attack of the Friday Monsters! : A Tokyo Tale » sur 3DS

Attack of the Friday Monsters! : A Tokyo Tale
Aujourd’hui, une présentation d’un jeu sur 3DS : Attack of the Friday Monsters! : A Tokyo Tale. Il s’agit d’un des trois jeux disponibles, depuis cet été chez nous (sur l’eShop seulement), et édités par Level 5 dans le cadre du projet Guild02 qui fait suite au premier du nom pour lequel je m’étais essayé à Liberation Maiden, une première expérience assez malheureuse. En attendant Pokémon XY qui débarqueront fin de la semaine prochaine, c’était l’occasion de me faire ce petit jeu vraiment séduisant.

Attack of the Friday Monsters! : A Tokyo TaleSon principe est très simple. On incarne un très jeune garçon – Sohta – qui vient d’emménager dans une nouvelle petite ville et qui devra essayer de résoudre les mystères entourant les étranges apparitions de monstres géants qui ont lieu tous les vendredis.
Fièrement équipé de notre sac d’écolier de primaire, on va explorer la ville et ses alentours, parler avec tout le monde, se faire de nouveaux amis. Le tout se passe sous forme de missions à remplir qui se débloquent en parlant avec d’autres personnes, en participant à des événements. Le jeu reste assez linéaire dans sa forme, le tout peut se faire très rapidement en suivant les instructions à la lettre. Mais le but est quand même d’explorer un peu plus en profondeur le jeu pour débloquer toutes les missions et s’assurer à tout faire. Après, il ne faut pas s’attendre à une ville immense, la carte est assez petite ; de même, il n’y a que 26 missions dont certaines très brèves.

Attack of the Friday Monsters! : A Tokyo Tale
Le scénario nous plonge en fait dans l’univers des Kaijû, ces monstres japonais apocalyptiques qui ont régné sur les écrans de cinéma mondiaux à partir des années 50. On y ajoute une touche de supers-héros encore bien japonais. Tout cela saupoudré de beaucoup d’innocence et d’inventivité propre à l’enfance. À noter que l’histoire se déroule en plein début des années 1970, donc en plein l’âge d’or de ces films. D’ailleurs, l’aspect production cinématographique est totalement intégré au jeu – c’est là qu’on apprécie dans ce titre la différence entre le monde des enfants et des adultes.
Avec tout ça, on a droit à une chouette histoire qui joue volontairement avec nos souvenirs (nostalgiques ?) de nos jeunes années quand on se prenait à croire en des choses surnaturelles, voir à se croire capable de vêtir un jour le costume de super-héros. J’ai beaucoup aimé cette sensation en jouant le personnage de Sohta.

Attack of the Friday Monsters! : A Tokyo Tale
Parallèlement, un jeu de cartes a été inséré. Son principe est très simple mais efficace : il s’agit d’un duel entre deux joueurs avec chacun 5 cartes qui se font face pour 5 affrontements. Le résultat de chaque match se résout selon le principe du pierre-feuille-ciseau (chaque carte ayant un de ces attributs), et en cas de match-nul (genre deux ciseaux) on regarde les points de force des carte. Il y a également des cartes spéciales, mais bon, c’est en gros le principe. On peut trouver des cartes dans le jeu en réunissant un certain nombre de fragments.
Celui qui sur les cinq matchs a alors le plus de victoires l’emporte et devient le maître. Car – et c’est bien fait – ce jeu est totalement intégré à l’esprit du titre, les enfants y ont ajoutés leur propre règle : le gagnant devient le maître, le perdant le serviteur. Le rôle pouvant s’invertir à chaque duel. Et le maître marque sa domination avec une formule magique, le serviteur s’effondre, et par la magie du ninjutsu, le serviteur le fait se relever !
Bo-bo-bo-byuum, Guru Guru, Bo-bo-bo-byum, Fall down ! Muchoon !
Cette petite formule (la mienne ici – on peut la modifier) résume un peu à elle seule la chouette et légère atmosphère de ce petit jeu.

Attack of the Friday Monsters! : A Tokyo Tale
(Tous les screens viennent
de jeuxvidéo.com)
Il en lui-même est assez beau et donne vraiment l’impression d’avoir été soigné niveau réalisation technique. On dirait même des décors d’un film d’animation japonaise J’ai particulièrement apprécié le travail sur le fond sonore – quand on approche de la gare, on le sait. Des petits détails, mais qui font toujours plaisir. Puis, se balader et avoir derrière ce combat dantesque, c’est cool.

Mais, le principal reproche que je ferai à ce jeu, c’est quand même son prix. Huit euros. Même si j’ai bien apprécié les quelques heures que j’ai passé dessus, ce n’est justement que quelques heures. En quatre heures, environ, seulement, j’ai terminé l’aventure principale (pour un peu moins de cinq heures au final en traînant ensuite dans le stage bonus). Et encore, j’ai pris mon temps. Là , il ne me reste plus qu’une mission à terminer, quelques cartes à débloquer, sinon c’est tout. Le jeu fait quand même 8€, c’est beaucoup pour si peu de temps. Cependant, je n’ai pas eu l’impression d’avoir été trompé comme avec Liberation Maiden ; ici, j’ai quand même vraiment apprécié l’expérience de ce jeu.
Enfin bon, c’est comme ça. Puis, on le sait en l’achetant : il ne faut pas s’attendre à des jeux fleuves. Level 5 n’édite ici que des petits jeux ; petit par la taille et la durée certes, mais pas toujours pour ce qui est de la qualité comme j’ai essayé de le montrer.

Car, il n’y a pas à dire, j’ai vraiment aimé Attack of the Friday Monsters! : A Tokyo Tale. Ce titre nous offre de chouettes moments en nous replongeant dans notre enfance. Après, est-ce qu’il en vaut le prix ? À chacun de se faire son avis, d’essayer ou non.

mercredi 2 octobre 2013

« Tsure ga utsu ni narimashite », comment faire face ensemble à la dépression ?

Tsure ga utsu ni narimashite - ツレがうつになりまして。
Aujourd’hui, je vais m’arrêter quelques instants sur un petit film. J’aurais beaucoup de billets à écrire sur des dramas si je devais faire les choses dans l’ordre, mais non, ce sera : Tsure ga utsu ni narimashite (ツレがうつになりまして。), ou My SO Has Got Depression. Écrire sur ce titre me permet en plus de parler de deux acteurs pour lesquels je  commence à avoir une grande… sympathie ?

À noter auparavant que ce film est basé sur un manga de Tenten Hosokawa du même nom (en trois tomes) qui a connu son petit succès et qui avait déjà connu une adaptation en un cours drama de trois épisodes en 2009.

Ce film raconte la vie d’un jeune couple traversant une longue période très difficile à cause de la dépression du mari. Ce dernier Takasaki Mikio, Tsure de son surnom, vit de plus en plus mal sa vie professionnelle et perd progressivement confiance à lui-même. À en devenir malade et dépressif. Son épouse, Takasaki Haruko, ou Haru – une mangaka dont les œuvres ne rencontrent pas le succès escompté – va devoir alors aider son mari.

Sur ce scénario en lui-même, il n’y a pas grand-chose à reprendre ; il est tout de même assez classique et n’est pas surprenant en soi – même s’il y aurait sans doute des choses à redire sur cette maladie qu’est la dépression. Mais je préfère vous laissez vous faire votre propre avis, je vais plus m’attarder sur les acteurs. À mes yeux, la qualité de ce film allait dépendre pour beaucoup de la performance de ces acteurs principaux : Sakai Masato et Miyazaki Aoi.

Tsure ga utsu ni narimashite - ツレがうつになりまして。

Tsure ga utsu ni narimashite - Sakai Masato - 堺雅人
Tsure ga utsu ni narimashite - Sakai Masato - 堺雅人Tsure ga utsu ni narimashite - Sakai Masato - 堺雅人Premièrement, Tsure est donc joué par Sakai Masato (堺雅人). Ce n’est pas n’importe quel acteur. Si vous avez suivi un peu l’actualité dernièrement, vous savez que c’est lui qui a joué le rôle principal dans le archi-populaire Hanzawa Naoki. Très bon drama d’ailleurs, mais j’aurais sans doute l’occasion d’y revenir. J’avais auparavant découvert cet acteur avec Nankyoku Tairiku, série dans laquelle il jouait un second rôle plutôt intéressant et réussi. La révélation vint avec Legal High, un drama judiciaire dans lequel Sakai Masato joue le rôle d’un avocat talentueux mais totalement loufoque. Mais pour être loufoque, ça l’était. Ce fut un véritable coup-de-cœur pour sa prestation !

Ici, il est donc Tsure, un homme qui plonge petit à petit dans la dépression jusqu’à en devenir malade. Ce n’est pas un rôle facile : il faut rendre son personnage crédible, donner vraiment l’air d’être dépressif (si on peut dire ça ainsi) en montrant à la fois ses peurs, mais aussi son envie de s’en sortir. Et, franchement, à mon avis, c’est réussi. On ressent un personnage terriblement tourmenté, perdu, se questionnant sur la raison même de l’utilité de ses actions, et même de son existence. C’est sans compter qu’il aime réellement son épouse et c’est d’autant plus terrible que de se sentir inutile voir même un poids pour la personne qu’il aime et qu’il avait juré de soutenir de toutes ses forces. Mais justement, celles-ci faiblissent…

Tsure ga utsu ni narimashite - Miyazaki Aoi - 宮崎あおい
Tsure ga utsu ni narimashite - Miyazaki Aoi - 宮崎あおいTsure ga utsu ni narimashite - Miyazaki Aoi - 宮崎あおいÀ ses côtés, Miyazaki Aoi (宮崎あおい), son épouse Haru(-san). La première fois que j’ai vu cette jeune actrice, c’était dans le taiga Atsuhime. Pour être exact, elle y avait joué une « princesse » au côté Sakai Masato dans le rôle du jeune shôgun Tokugawa (réputé comme arriéré) auquel elle allait être promise en mariage. N’ayant vu que les dix premiers épisodes de cette série, je ne vais pas trop m’étendre dessus. Cependant, j’imagine que le fait d’avoir réuni ce même duo d’acteurs, dans ce film, ne doit pas être sans lien avec leur prestation commune dans le taiga de 2008. Du peu que j’en ai vu, Miyazaki Aoi m’avait laissé une très bonne impression malgré quelques moments assez poussifs côté scénario. Il faudrait vraiment que je me remette dans Atsuhime (à voir si je patiente jusqu’à la fin de Yae no Sakura).

Pour revenir à nos moutons, c’est tout récemment, c’est avec le drama Going my Home – qui m’a totalement charmé pour la qualité de sa réalisation – que j’ai (re)découvert cette actrice. Elle y offre une magnifique prestation (au côté d’un tout aussi convaincant Abe Hiroshi) dans son rôle de mère qui essaye d’élever seule au mieux son fils dans une petite ville de province. J’aurais sans doute l’occasion de revenir sur ce drama, il y a beaucoup à dire – mais c’est parce que j’ai été « bluffé » que j’ai essayé de chercher quelque chose d’autre à regarder. J’ai trouvé alors Tsure ga utsu ni narimashite, bingo, elle jouait avec Sakai Masato. À noter d’ailleurs qu’on retrouve Miyazaki Aoi beaucoup plus souvent à l’affiche de films que de séries (même si elle a un taiga et un asadora à son actif, tout de même).

Dans Tsure ga utsu ni narimashite, la plus grande qualité dans l’interprétation de Miyazaki Aoi, pour son personnage d’Haru – au-delà du simple fait d’être si attachante par son simple sourire –, est de donner réellement l’impression qu’elle évolue, qu’Haru grandit, qu’elle gagne en maturité en même temps qu’elle aide Tsure à guérir de sa maladie ; « kokoro no kaze ». Ce n’est pas simplement l’histoire d’un homme qui traverse une dépression profonde, c’est surtout l’histoire d’un couple, de deux personnes. D’un beau couple. L’équilibre est bien préservé tout au long du film, et j’ai apprécié cela. Entre Haru et Tsure, il y a une série de beaux moments, de beaux échanges. Haru est la personne qui soutient Tsure, mais elle a également besoin de lui. Et, je trouve que Miyazaki Aoi parvient joliment à jouer cela.

Tsure ga utsu ni narimashite - ツレがうつになりまして。Tsure ga utsu ni narimashite - ツレがうつになりまして。
Tsure ga utsu ni narimashite - ツレがうつになりまして。Tsure ga utsu ni narimashite - ツレがうつになりまして。

Il y a toute une réflexion intéressante autour de ce que doit être un couple ; après, à chacun sa « philosophie » sur cette question assez personnelle. À ce sujet d’ailleurs, j’ai beaucoup apprécié quelques passages très important, notamment vers la fin avec la réunion annuelle de quelques couples s’étant mariés en même temps. Mais j’éviterais de spoiler.

Tsure ga utsu ni narimashite - ツレがうつになりまして。
Igu (et Chibi dans l'aquarium)
Je ne parlerai pas des autres personnages de ce film, pour une raison : c’est qu’ils ne sont là que pour apporter ponctuellement des ingrédients à l’histoire. Il n’y a véritablement que deux personnages – ceux dont je viens de parler.
Allez, trois, si on compte le lézard Igu (oui, c’est vrai il y a la petite tortue Chibi). Car, mine de rien, ce Igu, l’iguane domestique de la maison, sa simple présence apporte beaucoup. C’est assez étrange en fait. Il parait être à la fois spectateur mais aussi acteur dans l’histoire. Une drôle de créature, mais elle fait partie intégrante – à sa manière – de ce film ; il est bien plus qu’une simple mascotte animale.

Tsure ga utsu ni narimashite - ツレがうつになりまして。Tsure ga utsu ni narimashite - ツレがうつになりまして。
Tsure ga utsu ni narimashite - Miyazaki Aoi - 宮崎あおいTsure ga utsu ni narimashite - ツレがうつになりまして。

Au final, tout au long de ses deux heures, ce film nous offre une belle chronique sur la vie d’un couple qui traverse une période vraiment difficile, et qui, par la force de leurs sentiments, va tenter de la surmonter. Dit ainsi, ça pourrait paraître assez fleur bleue, mais la force de ce titre est justement d’avoir éviter cet écueil du sur-sentimentalisme tout en offrant une histoire crédible et touchante autour de la dépression, une terrible maladie humaine, avec un regard positif.
Je ne vais pas aller jusqu’à affirmer que Tsure ga utsu ni narimashite mériterait de gagner la palme à Cannes. Non. Tout de même, ce titre mérite amplement qu’on s’y attarde, au moins pour ces deux principaux acteurs formant un duo si séduisant, touchant et convainquant.